Ouragan Juan - L'importance de se préparer
Par Christine
Nous savions, depuis au moins 24 heures, que l'ouragan Juan se dirigeait vers nous. Nous avons commencé par nous assurer que nous avions tous les médicaments nécessaires ainsi qu'une trousse de premiers soins. Nous disposions de beaucoup de piles de rechange de différents types. Nous avions aussi des ensembles de conversion qui permettent de transformer les petites piles en plus grosses, au cas où ces dernières viendraient à manquer. Nous avions plusieurs lampes à pétrole d'antan et quelques nouvelles que nous avons toutes remplies de pétrole lampant. Nous avons vérifié le fonctionnement de nos lampes de poche et avions beaucoup de bougies à portée de la main. Notre poste à pile fonctionnait bien. Nous nous sommes assurés que nos deux bonbonnes de propane étaient pleines et prêtes à être utilisées. Nous avons rempli d'eau nos deux baignoires ainsi que des poubelles propres doublées de sacs de poubelle. Comme nous avons un puits, nous avions prévu d'utiliser l'eau des baignoires et des poubelles pour remplir la chasse d'eau des toilettes et nous laver. Nous avions aussi trois grandes bonbonnes d'eau potable pour distributeur. Nous sommes une famille de six - deux adultes et quatre adolescentes. De plus, à cette époque, nous hébergions un ami qui était âgé de 92 ans. Il s'était dit prêt à ne plus se raser ni se laver, mais cette idée n'est pas vraiment bien passée auprès des cinq femmes de la maison! Pour chauffer l'eau, nous nous sommes servis du bec à gaz du barbecue ou du cuiseur au propane (qui sert habituellement pour une grosse marmite à homards!).
Tout le monde s'est contenté de petites quantités d'eau que nous recyclions dans la chasse d'eau des toilettes.
Quand nos filles étaient petites, nous avions l'habitude de jouer avec elles à un jeu que nous appelions « l'ère des pionniers ». Elles se déguisaient avec des vêtements démodés, mais ce que nous leur apprenions par dessus tout dans ce jeu, c'était à vivre sans les commodités de notre époque. Elles apprirent beaucoup sur la façon d'allumer des bougies, d'allumer une lanterne et d'ajuster la mèche. Elles ont appris comment monter et allumer un feu. Elles ont appris comment cuire à la flamme vive d'un feu de camp et comment s'amuser sans ordinateur, sans télévision et sans autres gadgets électroniques. À l'époque, ce n'était qu'un jeu, mais les leçons qu'elles en ont tirées allaient leur servir plus tard.
Je prépare toujours des aliments en grandes quantités qui sont faciles à réchauffer, comme du chili, de la sauce spaghetti et du ragoût. Je les entrepose au congélateur dans des contenants de grande taille. Pendant cette période de préavis de 24 heures, nous avons régulièrement fait des glaçons et avons acheté quatre sacs de glace à la station-service que nous avons conservés dans le congélateur de la cuisine pour parer à une éventuelle panne d'électricité. Nous avons rangé tous les aliments qui devaient demeurer congelés pendant longtemps dans notre congélateur vertical. Une fois plein, nous avons verrouillé la porte pour que les aliments qu'il contenait se conservent le plus longtemps possible. Nous avions aussi des boîtes de conserve, des aliments déshydratés, des aliments prêts-à-servir pour nos collations ou des repas-minute.
Le vent et la pluie ont atteint leur maximum d'intensité dans la nuit. Nous étions bien au chaud et en sécurité dans nos lits, mais l'une de nos filles, qui couche dans la chambre de devant, était nerveuse à cause du vent qui faisait trembler le mur au point que son lit en a été déplacé! Nous avions conscience de tous les débris qui volaient autour de la maison, parce que nous pouvions les entendre cogner contre les murs extérieurs. Ce que nous avons d'abord vu, le lendemain matin, c'étaient des piles de feuilles encore vertes qui semblaient avoir été passées à la déchiqueteuse.
Puis, nous avons remarqué qu'un grand nombre d'arbres avaient été couchés dans notre cour. Nous avons dénombré 30 feuillus déracinés et plusieurs gros résineux qui avaient été vrillés dans des sens parfois opposés! Nous allions apprendre plus tard que les scientifiques expliquaient ce phénomène par la présence d'une multitude de tornades au cœur de l'ouragan. En tout, nous avons perdu plus de 230 arbres! (L'ouragan a donc pris pour nous certaines décisions concernant notre aménagement paysager!) À part quelques bardeaux qui ont été arrachés du toit, notre maison s'en est à peu près tirée indemne. Nous avons eu de la chance!
Après le quatrième jour, des amis résidant à quelques coins de chez nous ayant été rebranchés à l'électricité nous ont proposé de prendre notre congélateur chez eux jusqu'à ce que nous soyons de nouveau alimentés. Pensant que c'était une bonne idée, nous avons ouvert le congélateur pour le vider et en transférer le contenu chez nos voisins. C'est alors que nous avons découvert que les aliments rangés dans la glacière avaient commencé à décongeler : plusieurs emballages de bacon et de côtes levées, des livres de bleuets et de fraises ainsi que des biftecks d'aloyau. Des rôtis, des poulets, des dindes, bien que placés tout au fond, avaient également commencé à décongeler. Malgré tous les efforts que nous avions déployés pour les maintenir congelés, le beau temps et les températures douces avaient commencé à agir sur le congélateur du garage. J'ai donc retiré tous les aliments en train de décongeler, j'ai rangé les plus petits, qui n'étaient pas encore décongelés, dans la glacière où j'ai placé une partie des glaçons « faits maison » avant d'apporter le tout chez nos amis. Heureusement, nous étions assurés pour la perte éventuelle de ces aliments.
Nous avons tout de suite fait cuire le bacon avant de le recongeler pour l'utiliser ultérieurement dans des petits-déjeuners rapides, dans des assaisonnements de salade ou autres. Après avoir décidé de cuire sans tarder une partie de la viande, nous l'avons laissée décongeler complètement, puis l'avons faite griller au barbecue pour nous-mêmes et nos voisins. Nous avons même organisé un grand repas avec le voisinage lors duquel nous avons mangé une abondance de spaghettis dont se sont tout particulièrement régalés ceux et celles qui n'avaient pas suffisamment garni leur garde-manger pour faire face à une semaine sans électricité. Nous avons donné une partie de notre viande à ceux qui n'en avaient pas sous la main et ne pouvaient en obtenir dans les magasins qui étaient fermés partout en ville. Ceux qui résidaient à l'extérieur de la ville commençaient à connaître des pénuries à cause des citadins qui sortaient de la ville pour accéder aux produits de première nécessité. Quand les épiceries ont commencé à manquer d'eau en bouteille, nous nous sommes félicités d'en avoir stocké quelques-unes.
Pendant une semaine, nous avons utilisé des assiettes, des bols et des tasses en carton ainsi que des ustensiles en plastique. Heureusement pour nous, dans le sillage de l'ouragan, la météorologie avait été très clémente pour la saison et nous n'avons pas eu besoin d'utiliser notre service en carton comme allume-feu, mais nous avions du bois de prêt au cas où nous aurions dû nous chauffer à la cheminée.
À l'époque, nous n'avions pas de groupe électrogène, mais nous en avons acheté un ensuite. Je crois que nous n'aurions pas autant apprécié une semaine sans électricité au cœur de l'hiver! La devise « Toujours prêts » n'est donc plus seulement l'apanage des louveteaux et des scouts.
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